Qu’est-ce que le principe du moindre privilège ?
Le principe du moindre privilège, ou PoLP, est une stratégie de cybersécurité utilisée pour contrôler l’accès aux ressources. Il limite l’accès aux données, réseaux et applications des entreprises, tout en surveillant les privilèges accordés aux utilisateurs.
Le PoLP s’applique aussi aux utilisateurs non humains, comme les applications, systèmes ou dispositifs connectés nécessitant des autorisations spécifiques. Les utilisateurs reçoivent le niveau d’accès minimum nécessaire pour effectuer uniquement les tâches essentielles à leur travail.
Un modèle de sécurité Zero Trust permet d’appliquer ce principe grâce à une gestion automatisée des rôles et des autorisations. Il repose également sur une logique de politique d’accès stricte pour renforcer la sécurité.

Quelques cas d’usages du principe du moindre privilège
- Un collaborateur en charge du traitement des factures n’aura accès à cette fonction spécifique qu’au sein de l’application comptable utilisée et non depuis d’autres applications telles que la gestion des créances ou le traitement des salaires.
- Un ingénieur commercial se verra attribuer des privilèges de lecture/écriture pour une base de données clients, mais pas de privilèges de téléchargement ou de copie.
- Les fonctionnaires de l’état n’auront accès à certaines informations en fonction de leur niveau d’habilitation de sécurité et ne pourront accéder qu’aux données nécessaires à leur mission (par exemple, un fonctionnaire du ministère de l’agriculture n’aura pas accès aux informations relatives à la santé publique).
- Un concepteur d’interface utilisateur n’aura pas accès au code source du logiciel.
Le principe du moindre privilège est considéré comme l’une des pratiques les plus efficaces en cybersécurité. Il limite les mouvements latéraux, les accès non autorisés et réduit les surfaces d’attaque, ainsi que la propagation des malwares.
Cette stratégie permet d’atteindre les objectifs des services de renseignement : confidentialité, intégrité et disponibilité. Elle reste également un pilier essentiel des environnements de sécurité Zero Trust.
Comment fonctionne le principe du moindre privilège ?
Le PoLP fonctionne en limitant et en contrôlant l’accès aux données, aux réseaux, aux applications et aux autres ressources. Dans un environnement de sécurité de confiance zéro, le principe du moindre privilège identifie l’accès des utilisateurs, humains ou non, indépendamment de l’IP, du protocole ou du port.
Les éléments fondamentaux du principe du moindre privilège
Le PoLP intègre trois éléments fondamentaux dans ses contrôles : l’authentification de l’identité de l’utilisateur, la posture de sécurité de l’appareil utilisé et la segmentation de l’utilisateur en fonction de l’application métier.
Authentification de l’identité de l’utilisateur
La première étape de l’application du principe du moindre privilège consiste à valider l’identité des utilisateurs humains et non humains.
Posture de sécurité de l’appareil
L’application du moindre privilège exige une surveillance pour détecter et stopper tout utilisateur compromis, humain ou machine.
Segmentation utilisateur application
Le principe du moindre privilège utilise une solution d’accès au réseau de Zero Trust pour empêcher les mouvements latéraux non autorisés en segmentant les réseaux et en limitant l’accès en fonction des besoins.
Types de comptes du principe du moindre privilège
Pour mettre en œuvre le PoLP, différents types de comptes sont utilisés, chacun avec différents niveaux de privilèges liés aux besoins des utilisateurs. Les types de comptes couramment utilisés sont les suivants :
Comptes non privilégiés
Il existe deux types principaux de comptes non privilégiés :
- Les comptes d’utilisateurs les moins privilégiés (LPU) donnent aux utilisateurs le moins d’accès possible pour leur permettre d’accomplir leurs tâches. Ce niveau de compte est attribué par défaut à la plupart des utilisateurs.
- Les comptes d’utilisateur invité sont attribués aux prestataires externes (par exemple, les partenaires tiers, les sous-traitants, les intérimaires, etc… Les comptes d’utilisateurs invités ont généralement moins de privilèges que les comptes LPU. Conformément au principe du moindre privilège, les comptes d’utilisateurs invités doivent être désactivés dès que l’accès n’est plus nécessaire.
Comptes privilégiés
Également appelés comptes de superutilisateur ou d’administrateur, les comptes privilégiés disposent du niveau d’accès le plus élevé.
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Les comptes privilégiés couramment utilisés sont les suivants :
- Les comptes d’application sont utilisés par les applications métier pour fournir un accès à d’autres applications, accéder aux bases de données ou exécuter des tâches ou des scripts en batch.
- Les comptes d’administration de domaine disposent de droits d’accès administratif aux postes de travail et aux serveurs au sein d’un même domaine.
- Les comptes de service de domaine ou Active Directory ont le pouvoir d’autoriser la modification des mots de passe des comptes et de gérer et stocker des informations sur les ressources.
- Les comptes d’urgence, également appelés comptes « break glass » ou « firecall », sont utilisés, en cas d’urgence, par des utilisateurs non privilégiés disposant d’un accès administratif à des systèmes sécurisés.
- Les comptes d’administration locale fournissent un accès administratif à l’host ou à l’instance locale uniquement.
- Les comptes de service, également appelés comptes locaux ou de domaine privilégiés, sont utilisés par une application ou un service pour interagir avec le système d’exploitation.
Selon le principe du moindre privilège, seuls les administrateurs auront normalement accès aux comptes privilégiés. En effet, ils sont considérés comme les personnes les plus fiables et ont besoin de privilèges d’accès élevés pour accomplir leurs tâches. Le titulaire d’un compte privilégié pourra notamment effectuer les tâches suivantes :
- Activer ou désactiver d’autres comptes d’utilisateurs, y compris les comptes privilégiés
- Ajuster les paramètres du réseau
- Installer et mettre à jour des applications
- Surveiller les utilisateurs et les systèmes
- Supprimer des données
Comptes de service
Les comptes de service sont attribués aux utilisateurs non humains nécessitant un compte dédié. Le moindre privilège limite l’accès au strict nécessaire, selon les exigences définies, pour exécuter uniquement les tâches autorisées.
Comptes partagés
Également appelés comptes génériques, les comptes partagés sont partagés par un groupe d’utilisateurs. Les comptes partagés doivent être limités, car le moindre privilège recommande un compte unique par utilisateur.
Trois bonnes pratiques de mise en œuvre du principe du moindre privilège
1. Créer et tenir à jour un inventaire de tous les comptes privilégiés, y compris les comptes d’utilisateurs et les comptes locaux, les comptes d’applications métier et de services, les comptes de bases de données, les comptes de cloud et de réseaux sociaux, les clés SSH (Secure Shell), les mots de passe par défaut et codés en dur, et d’autres informations d’identification privilégiées (par exemple, celles utilisées par les partenaires ou les fournisseurs). L’inventaire doit également répertorier les plateformes, le matériel et les répertoires.
2. Enforce the principle of least privilege over end users, endpoints, accounts, applications, services, systems, and devices. This can be done by:
- Interdire le partage et la réutilisation des mots de passe
- Éliminer les privilèges inutiles des applications, processus, appareils, outils et autres ressources
- Mettre en œuvre des politiques de cloisonnement des tâches
- Minimiser les droits accordés à chaque compte privilégié en fonction des besoins spécifiques
- Minimiser les droits accordés à chaque compte privilégié en fonction des besoins spécifiques
- Supprimer les identifiants codés en dur
- Supprimer les droits d’administration sur les points terminaux et les serveurs
- Exiger l’utilisation de mots de passe forts et d’une authentification multifactorielle
- Restreindre l’attribution de comptes privilégiés
- Segmenter autant que possible les systèmes et les réseaux
- N’utiliser les privilèges permanents qu’en cas de nécessité
3. Établir un principe global de moindre privilège pour régir la manière dont les comptes, en particulier les comptes privilégiés, sont provisionnés et déprovisionnés, ainsi que la manière dont les identités et les comptes privilégiés sont contrôlés et gérés.
Pourquoi le principe du moindre privilège est-il si important ?
Le PoLP est essentiel pour sécuriser les environnements hybrides, alliant convivialité, performance et réduction des erreurs humaines.
L’utilisation du principe du moindre privilège en tant qu’élément fondamental des stratégies de sécurité permet de protéger les entreprises contre les conséquences d’un accès non autorisé aux ressources et aux données sensibles.
Il s’agit notamment des pertes financières et de réputation liées aux violations de données, aux attaques de ransomware et à d’autres activités de nature malveillantes.
Le principe du moindre privilège est essentiel pour réduire la surface d’attaque de l’entreprise, limitant ainsi les risques et vulnérabilités. Il permet également de faire gagner du temps et d’économiser le budget des équipes informatiques.
Cette pratique réduit les menaces liées aux attaquants cherchant à compromettre des comptes utilisateur de bas niveau. Ces attaques visent souvent l’accès aux systèmes critiques et aux données sensibles.
Appliquer le PoLP peut également contenir la propagation des malwares.
Appliquer ce principe sur les postes de travail bloque les malwares, limitant leur propagation et l’accès non autorisé à d’autres systèmes.
Le moindre privilège empêche aussi l’accès aux données sensibles, renforce la sécurité, assure la conformité et réduit les menaces internes.
Avantages du principe du moindre privilège
Préparation aux audits
Les fonctionnalités de surveillance, de journalisation et de reporting du principe du moindre privilège fournissent des informations essentielles aux auditeurs. Cette approche simplifie le processus d’audit et garantit la conformité avec les exigences réglementaires en matière de sécurité.
Meilleure classification des données
Le principe du moindre privilège exige des gestionnaires de réseau qu’ils tiennent à jour un inventaire de « qui a accès à quoi » à tout moment, ce qui contribue à la sécurité des réseaux.
Visibilité accrue
La mise en œuvre du PoLP nécessite une visibilité accrue des activités des utilisateurs. Cela permet d’accélérer l’identification et l’atténuation des cyberattaques et des activités malveillantes issues d’initiés.
Amélioration de la sécurité des données
Appliquer le principe du moindre privilège dans les stratégies de sécurité permet d’éviter les conséquences graves des violations de données. Cette approche limite strictement la quantité d’informations qu’un utilisateur peut consulter. La majorité des utilisateurs n’ont besoin que d’un accès minimal à un moment donné. Ainsi, le risque de dommages en cas de violation est fortement réduit.
Protection accrue des actifs informatiques
Les avantages de la sécurité du principe du moindre privilège vont au-delà de la protection contre les cybercriminels. Le PoLP protège les ressources en limitant l’accès aux seules données et systèmes nécessaires, réduisant ainsi les erreurs humaines.
Surface d’attaque réduite
Le PoLP réduit la surface d’attaque de l’entreprise. Il limite les possibilités des cybercriminels pour accéder à des données sensibles ou mener une attaque, en les confinant aux ressources minimales auxquelles l’utilisateur ciblé est autorisé à accéder.
Efficacité et performances opérationnelles
En minimisant les temps d’interruption de l’activité des systèmes pouvant résulter d’une violation, de la propagation de malwares ou d’applications non autorisées, le principe du moindre privilège améliore sensiblement l’efficacité opérationnelle de l’entreprise
Entraver la propagation des malwares
L’application du principe du moindre privilège limite la propagation des malwares sur les réseaux en empêchant notamment les mouvements latéraux souvent utilisés pour attaquer d’autres appareils connectés. Cette pratique empêche également les utilisateurs d’installer des applications non autorisées et d’appliquer la séparation des privilèges.
Mise en œuvre du principe du moindre privilège
Voici quelques mesures permettant à une entreprise de mettre en œuvre le principe du moindre privilège :
Réaliser un audit des comptes privilégiés
L’examen régulier des comptes d’utilisateurs privilégiés est une pratique importante du principe de moindre privilège, qui consiste notamment à vérifier les identités numériques et leurs droits d’accès au réseau, aux systèmes, aux applications, aux processus et aux programmes.
Désactiver les accès obsolètes aux ressources sensibles
Un programme de sécurité respectant le principe du moindre privilège désactivera régulièrement les privilèges par défaut et rétablira ceux qui sont strictement nécessaires en fonction des besoins réels des utilisateurs.
Accroître les privilèges au cas par cas
Pour maintenir l’efficacité du principe du moindre privilège, certains utilisateurs peuvent se voir accorder de manière temporaire, des privilèges élevés en fonction de leur situation.
Supprimer les comptes inutilisés
Le PoLP inclut également l’absence de privilège. Si un utilisateur n’a plus besoin d’accéder à tout ou partie d’un ensemble de ressources, ses privilèges doivent être immédiatement révoqués. Des systèmes doivent être mis en place pour évaluer régulièrement l’utilisation des ressources afin de garantir un contrôle d’accès optimal.
Surveiller les endpoints
Mettre en œuvre le principe du moindre privilège implique de surveiller, consigner et auditer en permanence toutes les activités des endpoints. Il est également essentiel de maintenir un inventaire complet et à jour de tous les points de terminaison du réseau.
Examiner régulièrement les journaux
Le principe du moindre privilège inclut la surveillance et l’enregistrement de l’activité. Il est essentiel de procéder à un examen régulier et programmé des journaux, sans lequel un accès non autorisé pourrait ne pas être détecté.
Réévaluer les comptes et les privilèges
Pour optimiser l’efficacité du principe de moindre privilège, les droits d’accès doivent être revus au moins tous les trimestres, voire tous les mois. Si des privilèges excessifs sont identifiés, ils doivent être révoqués immédiatement. Les comptes dormants doivent également être détectés afin de déterminer s’ils doivent être supprimés.
Séparer les utilisateurs
La séparation des utilisateurs en groupes ayant des niveaux d’accès plus ou moins permissifs et en sous-groupes en fonction de leur rôle ou de leur localisation est également nécessaire lors de la mise en œuvre du principe de moindre privilège.
Octroyer par défaut un accès minimal aux utilisateurs
Lors de la mise en œuvre des principes de moindre privilège, le privilège minimal doit être défini comme paramètre d’accès par défaut. Si un utilisateur nécessite temporairement des privilèges supplémentaires pour accomplir une tâche, ces droits doivent être rapidement révoqués après utilisation. Cela permet d’éviter toute accumulation ou surenchère de privilèges excessivement permissifs.
Utiliser le regroupement de privilèges
Le regroupement de privilèges permet d’appliquer le principe du moindre privilège en n’accordant à l’utilisateur que le temps nécessaire à l’accomplissement de sa tâche.
Termes et concepts liés au principe du moindre privilège
La dérive des privilèges
La dérive des privilèges se produit lorsque des utilisateurs obtiennent des droits d’accès supplémentaires sur une certaine période. Cela arrive souvent lorsqu’un collaborateur reçoit de nouveaux accès en changeant de poste ou en assumant de nouvelles responsabilités. Cependant, les anciens privilèges, devenus inutiles, ne sont pas toujours révoqués. Cela entraîne une accumulation de droits ou des privilèges excessifs, dépassant les besoins réels de l’utilisateur.
L’application du principe du moindre privilège permet d’éviter la dérive des privilèges en réexaminant et en mettant à jour régulièrement les autorisations d’accès.
Le regroupement de privilèges
Le regroupement de privilèges consiste à augmenter les autorisations d’accès juste avant qu’elles ne soient nécessaires, puis à les révoquer dès que la tâche correspondante a été accomplie. Cela permet d’élever les niveaux de privilèges pendant la période la plus courte possible.
Séparation des privilèges
La séparation des privilèges consiste à segmenter la fonctionnalité d’un système en plusieurs parties. Les utilisateurs se voient attribuer l’accès à des parties spécifiques en fonction de leurs besoins, ce qui permet de limiter l’exposition au risque cyber et de réduire la surface d’attaque.
L’escalade des privilèges
L’escalade des privilèges est une cyberattaque où un attaquant accède illégalement à des droits ou privilèges élevés. En appliquant le principe du moindre privilège aux terminaux, ces attaques sont limitées. L’attaquant ne peut pas exploiter des privilèges élevés pour étendre l’accès ou se déplacer latéralement. Cela empêche l’exécution de logiciels malveillants et d’autres activités nuisibles.
Sécurité de confiance zéro
La sécurité de confiance zéro repose sur l’idée qu’aucun appareil, utilisateur ou système ne doit être fiable par défaut. Ce principe s’applique, qu’ils se trouvent à l’intérieur ou à l’extérieur du périmètre de sécurité. En revanche, d’autres modèles de sécurité supposent que tout ce qui est à l’intérieur du réseau est digne de confiance. Cette confiance repose sur une validation initiale qui autorise et légitime ces éléments. Dans un modèle de confiance zéro, chaque demande d’accès est évaluée et autorisée avant que l’accès ne soit accordé.
Accès au réseau de confiance zéro (ZTNA)
Également connu sous le nom de périmètre défini par logiciel (SDP), le ZTNA contrôle l’accès par microsegments où résident des actifs de valeur. Le ZTNA applique ensuite le principe du moindre privilège pour identifier et arrêter les mouvements latéraux malveillants ou non autorisés.
Le principe du moindre privilège offre un maximum d’avantages
Mis en œuvre et appliqué de manière efficace, le principe du moindre privilège fait un travail de pionnier en matière de sécurité. Il permet d’améliorer la cybersécurité et les contrôles de sécurité liés à l’erreur humaine, tout en améliorant la productivité et les performances.
La liste des avantages découlant de l’application du PoLP est longue et éprouvée. Les organisations de toutes tailles et de tous segments sont encouragées à adopter le principe du moindre privilège comme pilier de leurs postures de sécurité.